Notre Jupiter national a pris le temps des fêtes de fin d’année pour décider de changer de gouvernement, mais ce n’était visiblement pas suffisant : si dix ministres dits de plein exercice ont été nommés jeudi 11 janvier, leurs subordonnés ministres délégués ou secrétaires d’État le seront plus tard. Quand ? Nos deux huiles essentielles n’ont rien dit, elles poursuivent leur réflexion… En juillet 2020, il leur avait fallu 20 jours pour boucler leur casting.

Parce qu’à chaque changement de gouvernement, les dossiers en cours sont gelés. Le nouveau titulaire en fera ce qu’il voudra : poursuivre les chantiers, les réviser ou les ranger dans un tiroir. C’est le cas avec l’épineuse Prime de Partage de la Valeur qui est imputée sur le calcul de l’Allocation Adulte Handicapé servie aux travailleurs en Établissements et Services d’Aide par le Travail : du travailler plus pour gagner moins, en quelque sorte. La ministre des Personnes handicapées (et de la Côte d’Or) devait prendre position ce mois-ci, après analyse d’un rapport : que fera son éventuel successeur, et dans quel délai ?

Que va devenir le dossier de la mise en accessibilité des sentiers forestiers ? Annoncé lors de la Conférence Nationale du Handicap du 26 avril 2023, il n’est pas prioritaire : qu’en fera le prochain ministre en charge ? Il ou elle devra décider du sort de la Délégation Ministérielle à l’Accessibilité qui n’a plus de Délégué, la titulaire du poste, Carole Guéchi, n’ayant pas voulu renouveler son contrat de trois ans. Les fonctionnaires et agents de cette DMA ne savent pas à quelle sauce ils seront accommodés, les directions de l’administration centrale se renvoyant la patate chaude.

Alors que le sujet est stratégique à 190 jours des Jeux Olympiques de Paris, il n’y a plus de ministre des Transports. Le dernier titulaire, Clément Beaune, est tombé en disgrâce parce qu’il n’approuvait pas la dernière, et très droitière, loi en date sur l’immigration : c’est donc un novice qui le remplacera. Le temps que celui ou celle-ci comprenne l’urgence et la complexité des dossiers, les visiteurs des JO puis des Paralympiques risquent de vivre la pagaille. Le sort réservé à Monsieur Beaune est purement politicien, au détriment des clients et usagers de systèmes de transports collectifs mal préparés à un événement mondial, outre leur inaccessibilité en autonomie aux personnes handicapées.

Choix politicien également d’éjecter le ministre du Logement alors que ce secteur constitue une bombe sociale, comme le clament les professionnels et observateurs depuis des mois. Nommé en juillet 2023, le précédent titulaire, Patrice Vergriete succédant à Olivier Klein qui n’est resté que douze mois, commençait tout juste à comprendre la situation et les enjeux : le voilà débarqué parce que lui aussi désapprouve la loi sur l’immigration. Le logement n’a cessé de subir des restrictions budgétaires, le nombre de constructions neuves est en baisse constante, des millions de personnes sont mal logées, la tête de l’État s’en désintéresse.

On pourrait multiplier les exemples des conséquences néfastes de l’attentisme dans lequel le pays est plongé en attendant que la machine gouvernementale se remette en marche. Jusqu’à la prochaine fois…

Laurent Lejard, janvier 2024.

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